Tournoi WBC Grand Prix Riyadh Season - Les trois boxeurs canadiens prêts pour la phase deux

Dans l’œil du matchmaker

Par Vincent Morin

La première phase du tournoi WBC Grand Prix Riyadh Season s’est déroulée sans anicroche pour les trois boxeurs unifoliés, du 17 au 20 avril à Riyad, en Arabie Saoudite. L’Ontarien Spencer Wilcox, le Britanno-Colombien Eric Basran et le Québécois Derek Pomerleau l’ont tous trois emporté lors de la première étape de ce prestigieux tournoi jeunesse, où ils affrontaient un rival inconnu pigé lors de la pesée officielle.

Voici le portrait de la deuxième phase du tournoi en juin, où ils connaissent maintenant l’identité de leur prochain adversaire respectif.

Spencer Wilcox (140 lb)

Un protégé de l’entraineur Éric Bélanger, Spencer Wilcox (11-0-0, 5 KO) a eu un bon tirage pour débuter, pigeant le Ghanéen Gabriel Quaye (10-2-0, 7 KO). Ce dernier, malgré sa belle fiche, n’était jamais sorti de son pays et a fait face à une opposition très limitée. Le style peu orthodoxe et physique de Quaye a forcé Wilcox à s’adapter, mais il a tout de même dominé cet affrontement de six rounds, l’emportant par décision unanime (59-55, 59-55 et 60-54).

La route se poursuivra pour l’athlète d’Hamilton face au champion national d’Australie Hassan Hamdan (10-0-0, 3 KO). Le gladiateur de Sydney a vaincu par décision majoritaire l’Américain Jose Luis Sauceda (6-1-0, 3 KO) lors de la première phase.

Sans être un des favoris, Hamdan sera tout de même un plus grand test pour Wilcox. Il est plus rapide, plus habile et en meilleure condition physique que Quaye.

Ce sera un face-à-face qui s’annonce très compétitif où les chances de victoires sont à toutes fins égales. J’ai tendance à voir Wilcox se sauver avec une décision partagée ou très serrée… mais ne pariez pas sur ce combat!

À noter que Spencer Wilcox et Eric Basran, les deux Canadiens en compétition chez les 140 lb, sont à l’opposé dans le tableau du tournoi.

Eric Basran (140 lb)

Fortement négligé contre un gaucher américain qui avait complètement dominé la saison 2024 de la Team Combat League (TCL) avec 13 victoires en 14 sorties individuelles dans ce format de combat par équipe, peu donnaient de chances à Eric Basran (8-0-0, 3 KO) de sortir de la première phase du tournoi de Riyad. Pourtant, l’habile boxeur de Vancouver est celui qui a entaché la fiche de Isaiah Johnson (11-1-0, 7 KO), lors de ce choc entre contre-attaquants invaincus.

Après six assauts très tactiques où les échanges ont été rapides, mais peu nombreux, Basran a mérité une victoire par décision partagée (59-55, 59-56 et 56-58).

Lors de la deuxième ronde du championnat, il fera maintenant face à l’Ukrainien Danylo Lozan (13-0-0, 8 KO). Champion d’Europe des moins de 23 ans chez les amateurs en 2024, le gaucher de 22 ans a vaincu le Kazakh Kamronbek Eshmatov (10-2-0, 7 KO) par décision unanime pour passer à la deuxième phase.

Même s’il est gaucher tout comme Johnson, le premier adversaire de Basran, Lozan semble plus complet, plus gros et plus physique que l’Américain. Est-ce que le Canadien réussira encore à surprendre un favori invaincu? C’est possible : son entraineur Jonathan Quinit est brillant et sait comment ajuster les stratégies dans le coin.

Il devra toutefois être plus actif que lors de sa première prestation, puisque même s’il se fait peu toucher, son style passif pourrait le désavantager aux points contre un rival plus teigneux, plus agressif et avec un volume de coups supérieur.

Je m’attends à une décision serrée, voire controversée, en faveur de Lozan.

Derek Pomerleau (160 lb)

Derek Pomerleau (12-0-0, 9 KO) a pigé un dur à cuire comme premier partenaire de dance à Riyad en l’Ukrainien d’origine arménienne Liparit Ustian (11-1-0, 10 KO), dans une confrontation entre jeunes cogneurs aux fiches quasi identiques avant le combat.

Surnommé ‘Silver Boy’ (il a remporté l’argent aux championnats nationaux amateur d’Arménie et d’Ukraine), Ustian comptait à son actif de virulents knockouts viraux sur les réseaux sociaux obtenus sur le ring et dans la scène du bare knuckle fighting. Il semblait également taillé dans le roc.

Face à ce bagarreur agressif et doté d’une grande force physique, le gaucher de Mercier a livré un combat intelligent, roulant avec les coups, contre-attaquant au moment opportun et tournant les coins pour déséquilibrer Ustian, prouvant aux yeux du monde entier que son sobriquet de ‘Slick’ était entièrement mérité.

Le matador a eu raison du taureau par décision unanime (59-55, 60-54 et 60-54) dans cette première escapade en Arabie Saoudite pour l’athlète fleurdelisé.

Habituellement dirigé par Stéphan Larouche, il a bien écouté les commandes de Danielle Bouchard qui était d’office, puisque Stephan était dans le coin de Mathieu Germain pour son combat éliminatoire contre Dalton Smith, en Angleterre.

Pour la suite du tournoi, une situation inusitée s’est produite, puisque Pomerleau devait affronter l’Australien Dylan Biggs (14-1-0, 9 KO) selon le croquis initial du tableau.

Il semble qu’un remaniement de ce tableau a eu lieu afin qu’un combat (Jeremy Alvarez contre Hajji Muhis) puisse être ajouté le lendemain du tournoi des 160 lb, question d’avoir 32 boxeurs et 16 combats dans cette catégorie. Après ce duel ajouté, une nouvelle version du tableau a été diffusée et sur cette dernière, le Québécois ferait face à l’Irlandais Paul Ryan (8-1-0, 3 KO) en juin.

Biggs et Ryan ont des styles totalement différents, puisque le premier est un droitier qui aime mettre de la pression tandis que le second est un styliste gaucher au style européen classique.

Dans le premier cas, Pomerleau devra continuer dans la même veine que sa prestation contre Ustian, en contre-attaquant un bulldog agressif en Biggs. Je vois Derek remporter une décision unanime si le format original tient la route.

Dans la deuxième option, ‘Slick’ devra forcer un peu plus le combat contre un gaucher habile et doté d’une main arrière solide. Toutefois, Ryan a été pris de convulsions lors d’un revers par KO en 2024, il y a deux sorties. Même si l’Irlandais s’est grandement amélioré depuis sa défaite, je ne crois pas qu’il pourra prendre la puissance de Pomerleau, qui devrait trouver la faille pour assommer Ryan aux alentours du cinquième ou sixième engagement.

La suite s’annonce intéressante!

Tentons maintenant de dénouer le mystère de Riyad : verra-t-on Dylan Biggs ou Paul Ryan dans l’arène contre Derek Pomerleau en juin?